Je trouve que probablement ce que je n'ai pas suffisamment fait ou ce que j'aurais pu faire différemment, c'est me demander plus souvent de quoi j'ai besoin, moi, pour me développer.
Stéphanie débute sa carrière dans les mathématiques. Elle apprend même à coder… Autres temps, autres mœurs : à l’époque elle ne se sent pas pionnière. Probablement grâce à une éducation non genrée qui ne portait pas encore ce nom.
Donc moi j'ai le rôle d'aînée, ça c'est un rôle unique, mais en tout cas tout était partagé, les enfants faisaient le même sport, on était vraiment engagés dans les mêmes activités, que ce soit les tâches ménagères, le travail scolaire, les activités sportives, etc. Donc en fait moi ça m'a donné beaucoup beaucoup de liberté. Et quand j'ai voulu faire des mathématiques, j'ai fait des mathématiques.
[...] En tout cas, je me suis sentie très libre.
Maths, statistiques, code : elle entre dans un institut de sondages pour faire du code et petit à petit, elle devient directrice de clientèle.
Au départ, j'étais sur la technique, et petit à petit, ils ont vu que j'avais le goût d'analyser, de trouver des conclusions, de rédiger, etc. Ils m'ont poussée dans cette direction. Ça s'est fait par évolutions successives, tout simplement.
Son manager de l’époque joue certainement un rôle dans son évolution en lui faisant confiance et en s’appuyant sur ses points forts.
En fait, dans toute la première partie de ma carrière, je n'étais pas stressée. J'étais sûre que je pouvais le faire. Donc je ne me suis même pas posé la question. [...]
…un manager qui développait l'excellence, qui s'appuyait sur les terrains favorables pour te monter en puissance. Donc je pense que ça, ça m'a beaucoup aidé aussi.
J'étais sûre de moi parce qu'il était sûr de moi, en fait. Donc c'était un cadeau magnifique.
Au moment où elle sent qu’elle est prête à partir, elle se fait chasser par un recruteur puis plus rien… Le temps passe, le recruteur la recontacte mais elle est enceinte. Pas de problème, elle rencontre l’entreprise qui l’attendra 6 mois, le temps qu’elle revienne de son congé maternité.
Elle vient de faire son entrée chez L’Oréal où elle restera plus de 20 ans.
Toujours dans la recherche marketing à son entrée, elle est poussée par son manager à quitter le marketing afin de pouvoir évoluer dans le groupe.
Au retour de son 3e congé maternité, elle devient chef de produit.
J'ai accepté de redescendre d'un cran pour devenir chef de produit, apprendre le métier et créer des produits.
Donc là, j'ai changé complètement de métier et j'ai fait ensuite dix ans de marketing.
C’est sur le terrain, à la dure, qu’elle apprend ce nouveau métier qui n’a rien à voir avec les études marketing ! Ici, on crée un produit, on ne livre pas des études ou des analyses.
Elle se forme par exemple à la biologie de la peau.
Comme précédemment, elle est encouragée par un management bienveillant qui met l’accent sur les forces au lieu de vouloir travailler les faiblesses.
[...] tu peux toute ta vie lutter pour t'améliorer sur des points sur lesquels tu n'es pas très bonne, tu vas devenir moyenne.
Par contre, si tu t'appuies aujourd'hui sur tes forces, tu vas devenir excellente. Et c'est ça qu'on veut de toi.
Et ça, c'est l'un des meilleurs conseils que j'ai reçus en matière de développement professionnel.
Cette expérience infuse sa pratique de dirigeante et de coach :
[...] je travaille principalement sur les forces. [...] je trouve que c'est une source de confiance en soi énorme.
De la création de produit, elle passe au marketing appliqué et au bout de 10 ans de marketing, elle a fait le tour et exprime clairement son objectif : devenir directrice générale,
Cet objectif, elle a d’abord dû être capable de le formuler pour elle-même :
D'abord, je n'osais pas me la formuler. Mais moi, j'aimais beaucoup diriger des gens.
Donc, j'avais envie de pousser cette dimension managériale plus loin. Ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose, c'est qu'à un moment, je me suis un peu réveillée en tant que fille et je me suis rendue compte quand même qu'il y avait des fusées qui passaient à côté de moi là, mais que toutes ces fusées, elles étaient plutôt des garçons… Là, j'ai compris. Je me suis dit, moi aussi, je veux être dans ce train-là, dans cette fusée-là. Donc c'est là où j'ai levé la main et je l'ai dit.
Et je voulais de l'argent aussi.
Je voulais être payée correctement parce que pendant 20 ans ou 15 ans, je n'ai pas négocié mon salaire.
Elle finit par être entendue mais il lui manque une expérience purement commerciale : elle accepte un second step down temporaire pour se former concrètement, sur le terrain et devient key account manager pendant 9 mois pour plusieurs pays d’Europe et d’Afrique.
Stéphanie se décrit comme une femme de business. C’est pour elle un jeu, comme l’ont été les maths.
Sans plan de carrière, elle a appris à saisir les opportunités.
Après la déception de ne pas avoir eu une promotion qu’elle convoitait, elle se positionne sur le marché asiatique.
Elle envisage la Chine ou le Japon, avec une préférence pour la Chine… Ce sera le Japon, avec une douzaine d’heures pour se décider et réorganiser sa vie et celle de sa famille.
Tokyo sera sa maison pendant 4 ans, en pleine crise due au tsunami puis à l’accident nucléaire de Fukushima.
Cette expérience lui a appris à modifier son point de vue et son style de management.
En fait, le job que j'avais auparavant était un job d'influence [...] C'est de l'influence. C'est faire avancer les gens dans la même direction, les convaincre, etc. Donc ça, c'est un truc que je sais bien faire.
J'avais un peu perdu la main sur l'exécution. Et exécuter au Japon, c'est totalement différent d'exécuter en Europe.
À son retour en France, à la fin de son contrat d’expat, elle commence à se dire qu’après 25 ans chez L’Oréal, il est sans doute temps d’aller voir ailleurs.
Elle part dans de bonnes conditions et choisit de se former au coaching.
J'ai choisi de me former au coaching. et de devenir coach, et c'était un choix... Comment dire ? Peut-être un peu hâtif, je dirais.
Je ne me suis pas donnée plusieurs options.
J'aurais pu créer une boîte de cosmétiques. J'aurais été très forte, je pense, parce que j'ai un savoir-faire quand même assez important.
J'aurais pu créer... J'ai eu une envie, quelques années après, de créer des spas. Une chaîne de spas ou un truc comme ça.
Après des études de haut niveau en coaching donc et en psychologie des organisations, elle crée son entreprise sans envisager d’exercer en freelance.
Je me suis jamais posé la question d'être freelance.
Elle crée The inspiration Lab.
The Inspiration Lab, c'est une entreprise qui propose de l'accompagnement aux grandes entreprises sur des sujets de leadership, diversité et inclusion. Et on travaille beaucoup sur les sujets d'égalité homme-femme. un peu sur l'inclusion des seniors, même si c'est mon dada et mon obsession personnelle aujourd'hui.
Stéphanie a 62 ans et son âge est une partie importante de son identité aujourd’hui.
L’âge et surtout la longévité ont d’ailleurs été au cœur de son TEDx il y a 2 ans.
Je n'avais pas envie d'avoir 60 ans. Et en fait, quand j'ai eu 60 ans, je me suis rendue compte que... Parce que je voyais ça un peu comme… il me reste 5 ans, en fait. Donc j'avais cette espèce de frontière de 65. Alors c'est peut-être 64, c'est peut-être 66, mais peu importe.
Mais cette espèce de frontière, là, qui était une espèce de couperet, qui, pouf, après, tu t'arrêtes. Et en fait, plus j'ai travaillé, lu, rencontré des gens, discuté, etc., je me suis rendue compte qu'en fait, c'est une frontière qu'on se met, c'est n'importe quoi.
Tout en reconnaissant bien sûr que nous ne sommes pas tous et toutes égales devant l’âge et le fait de vieillir en bonne santé et que tout peut arriver chaque jour, elle nous donne une grande bouffée de liberté :
Mais en tout cas, se donner les moyens de se dire OK, qu'est-ce que je vais faire de ces 40 ans ? Comment je vais les utiliser pour moi, pour les autres, pour mes proches, pour plus, etc. Ça donne un souffle de liberté. Voilà.
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