Hello et bienvenue dans cette 7e édition d’Oh travail!
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Trop long à lire ? Un résumé ⬇
On fait un burnout parce qu’on attache de la valeur à son travail et qu’on est empêché de le faire bien ou qu’il n’est pas reconnu.
Le burnout, c’est la rencontre d’une personnalité pour qui le travail est primordial, d’un environnement qui ne donne pas les moyens de faire du bon travail et aussi souvent de circonstances particulières.
On ne se remet pas d’un burnout sans arrêt de travail et sans faire le point sur ce qui à conduit à l’épuisement.
Le burnout est souvent présenté comme le mal du siècle, que ce soit en termes de coût pour les individus, les entreprises et les systèmes de santé, ou en termes de prévalence.
Une des difficultés rencontrées lorsque l’on veut parler du burnout, c’est celle de sa définition et donc aussi celle de sa mesure. Les données selon les pays ne prennent pas en compte la même chose, les contextes socio-économiques et réglementaires sont différents…
En France, les chiffres font le grand écart !
30 000 personnes selon l’Institut de Veille sanitaire en 2021 et 3,2 millions selon le cabinet Technologia !
D’après une enquête menée pour le cabinet Empreinte humaine en octobre 2021, le nombre de burnouts aurait doublé en 1 an et 2 millions de personnes seraient concernées (44% des salariés seraient en détresse psychologique).
Un concept qui fait long feu
En français, on parle alternativement de burnout ou d’épuisement professionnel.
Le terme même de burnout est apparu dans les années 70 aux États-Unis. Freudenberger, psychologue américain qui travaillait comme bénévole dans des cliniques accueillant des toxicomanes, a lui-même fait un burnout avant d’en décrire la symptomatologie et de la conceptualiser.
Il a donc commencé à parler de burnout pour les bénévoles qui travaillaient avec les SDF et les drogués des cités américaines et qui s’investissaient beaucoup – physiquement et psychologiquement – dans une activité qui offrait peu de résultats où ils avaient peu de succès : décès des personnes accompagnées, pas de rémunération.
Puis le concept a été appliqué aux personnels soignants, puis aux enseignants, et à tous les métiers d’aide ou d’accompagnement, avant d’être utilisé pour l’ensemble des professions, quel que soit le secteur d’activité ou le niveau de responsabilité, à partir des années 2000.
Si du coup, le burnout n’est pas lié à un type de métier, qu’est-ce que c’est exactement ?
Allumette ou panne d’essence ?
Très souvent, le burnout est symbolisé par une allumette consumée… c’est le sens propre de mot burnout : totalement consumé.
Ce qui est une fausse représentation pour 2 raisons:
le burnout n’est pas soudain, ce n’est pas un flash,
il ne consume pas entièrement puisqu’il est en général possible de retrouver une vie normale (mais différente, j’y reviendrai) après un burnout.
Le burnout fonctionne plutôt comme le réservoir d’une voiture : tant qu’il y a de l’essence, on avance. Plus on accélère, plus on consomme rapidement son essence jusqu’au moment où, ayant oublié de contrôler sa jauge ou plus précisément ayant ignoré les signaux, on tombe en panne sèche.
Le burnout, c’est exactement ça : c’est l’utilisation sans limite de son énergie, malgré des signaux d’alerte, jusqu’au jour où toute activité devient impossible. Sortir de son lit le matin, se déplacer jusqu’à son bureau, interagir avec des collègues, etc.
Les différents symptômes
Les symptômes sont de différents ordres :
Physiques : fatigue, insomnie ou hypersomnie, maladies, douleurs, troubles digestifs, etc.
Émotionnels : débordements émotionnels (larmes, colères, cris, etc.), isolement social et affectif, paralysie décisionnelle, impossibilité à se projeter dans l’avenir
Mentaux : perte d’estime de soi, cynisme, anxiété, addictions, syndrome dépressif…
Tous ces symptômes ne se retrouvent pas forcément chez tout le monde, et il y en a probablement différents autres.
Ce que l’on regarde surtout, ce sont les changements, l’apparition de symptômes, de plaintes et bien sûr, la fatigue, le tout sur une certaine durée.
Une de mes clientes pas exemple, c’est levée un matin pour aller au bureau et c’est retrouvée dans la rue en bas de chez elle, sans savoir où elle était, ni ce qu’elle faisait là. Elle était complètement désorientée. Ça a “permis” sa prise de conscience que quelque chose n’allait pas.
Comment en arrive-t-on là ?
#balancetonboss
On associe souvent burnout et conflit avec le management, à tort ou à raison.
La personne se sent harcelée, essaye de faire avec, pendant un certain temps et finalement n’en peut plus.
On parle alors souvent de burnout parce qu’un certain nombre de symptômes sont présents : perte de confiance en soi, fatigue, débordements émotionnels, etc.
Il existe des personnalités toxiques dans tous les secteurs et dans toutes les entreprises, ce qui fait la différence, c’est la tolérance de l’organisation à l’égard de ces personnalités, et donc le rôle du management.
Les indépendants peuvent aussi faire un burnout… malgré l’absence de management… parce qu’ils se fixent à eux-mêmes des objectifs inatteignables ou essayent de tout gérer seuls.
On peut aussi faire un burnout en recherche d’emploi parce qu’une recherche sans succès « use » et porte atteinte à l’estime de soi.
En réalité, le burnout c’est la rencontre d’un environnement et d’une personnalité à un instant T (plutôt qu’un instant, il s’agit d’une période de la vie).
Le travail, c’est la santé… ou pas
Les environnements de travail ne devraient pas porter atteinte à la santé physique ou psychique. Dans les faits, on sait que de nombreuses organisations du travail sont nuisibles pour la santé. En particulier, celles qui favorisent le stress.
Cela dit, le stress en tant que tel n’est pas nuisible. C’est une réaction normale de l’organisme qui lui permet de mobiliser ses ressources pour être performant. Ce qui est nuisible, c’est le stress sans période de récupération – le stress permanent, chronique.
Et le stress ne vient pas que de la pression du temps !
Il y a la pression du temps, c’est sûr, travailler toujours vite, avec des délais impossibles à tenir, mais il y a aussi l’impossibilité de s’organiser comme on le souhaite, le manque de soutien social.
Le burnout, c’est le résultat d’une situation qui dure, dans laquelle on a le sentiment de ne pas avoir les ressources pour faire ce qui nous est demandé.
Ces ressources, ce sont :
le temps,
les compétences,
les moyens techniques,
les connaissances,
le soutien social,
le droit à l’erreur…
Les conflits de valeur produisent aussi des burnouts.
Par exemple, pour une infirmière, devoir renoncer à prendre soin de ses patients pour enchaîner des actes techniques ; ce sont les injonctions contradictoires dont la plus connue est faire vite et bien.
C’est quoi une situation de travail confortable ?
Une situation de travail est toujours tridimensionnelle :
la demande : les tâches, les activités,
la latitude décisionnelle : la possibilité de choisir comment s’organiser et de prendre des décisions,
et le soutien social : le collectif de travail - collègues et managers.
➡ Si tu as une forte demande (quelque chose à faire qui sollicite tes compétences), avec une forte latitude et un fort soutien social : tu es heureuse au travail et ta santé s’en ressent.
➡ A l’inverse, tu as un travail avec une forte demande et très peu de latitude décisionnelle et aucun soutien social alors, tu as toutes les chances d’être en souffrance.
Et quand je dis que le burnout se passe à la rencontre d’un environnement, c’est de ce type d’environnement que je parle ou d’un cas de conflit au travail. Un environnement qui sollicite sans permettre de récupérer ou dans lequel les conflits sont tolérés (voire initiés).
Ensuite la personnalité : il y a des personnalités qui sont davantage susceptibles de faire un burnout.
Il s’agit des personnes qui sont fortement engagées dans leur activité professionnelle, qui sont très investies, quelles que soient les raisons de cet investissement.
Ce n’est pas par hasard que le burnout a d’abord été décrit chez les personnels investis dans une relation d’aide.
Le burnout n’est pas un problème lié au fait de ne pas aimer son travail – au contraire, pour faire un burnout, il faut avoir voulu bien faire.
Et j’ajoute à un instant T, parce que la même personne ne réagira pas de la même façon à tous les moments de sa vie, même si par ailleurs elle a tendance à s’investir à fond dans son travail.
Il y a très souvent – mais pas systématiquement – dans le récit d’un burnout, un élément qui semble déclencheur : un deuil, un divorce, un changement de situation, une expatriation, voire la naissance d’un enfant…
Il y a souvent un élément déclencheur, mais il s’agit bien d’un processus.
Un processus qui commence avec du stress sans période de récupération, qui provoque un surinvestissement dans le travail, avec des expressions du type : « j’y suis toujours arrivée, il n’y a pas de raisons », des récits de week-ends et de soirées passés à travailler pour « y arriver ».
Devant l’impossibilité d’y arriver, l’impression qu’il y a toujours plus à faire, que ce n’est jamais assez, qu’on n’a pas les moyens de faire en quantité mais aussi en qualité, on ressent une forte anxiété, on perd le sens de son activité – c’est-à-dire qu’on ne sait littéralement plus pourquoi on fait ce que l’on fait.
On a le sentiment d’une perte de contrôle – puisque le fait de faire des efforts de suffit plus à assurer la réussite – on perd la capacité à faire des projets.
L’ici et le maintenant prennent toute l’énergie disponible.
Quand le burnout est arrivé, on retrouve des discours comme : « je ne pouvais pas sortir de mon lit », parfois avec des troubles graves comme des désorientations, des symptômes physiques comme de l’alopécie, etc. et des symptômes dépressifs plus ou moins intenses.
À ce stade, il est fondamental de se faire aider : médicalement, psychologiquement.
Puis de se faire accompagner dans la construction d’un projet professionnel qui tiendra compte de la nécessité de préserver sa santé – souvent avec un changement d’entreprise ou a minima de services et parfois complètement de carrière.
Je conseille à mes clientes de quitter l’entreprise où elles ont vécu un burnout, en particulier parce que retrouver un environnement, des collègues qui t’ont vue au plus mal, n’aide pas à s’en sortir.
Bref, au moment du burnout, on a une énergie et une estime de soi au plus bas. On culpabilise, on s’en veut. Il y a de l’incompréhension, souvent de la colère à l’égard de l’entreprise et de ses collègues – surtout en cas de harcèlement -.
La guérison ne survient qu’une fois qu’on accepte d’avoir été changé par cette expérience et à mon avis que l’on a compris pourquoi on en était arrivé là.
Il est alors nécessaire de remodeler son identité professionnelle et de passer d’une personne qui réussissait « tout » et donnait beaucoup, à une personne qui se préserve et prend soin de soi.
Le burnout provoque de fait une « bifurcation biographique », c’est-à-dire une rupture de trajectoire, un turning point après lequel il faut littéralement se reconstruire.
Me, myself and I
Aucun travail ne mérite qu’on porte atteinte à sa santé !
Ça va de soit mais ça va mieux en le disant.
Il n’y a pas de règle pour la durée de l’arrêt de travail en cas de burnout. Mais il faut un arrêt de travail… et une reprise progressive sous peine de rechute.
L’exemple néerlandais (j’habite à Amsterdam) : le burnout aux Pays-Bas, c’est en moyenne 242 jours d’arrêt (8 mois).
Les modes de réinsertion dans l’emploi varient – globalement, on est passé d’un arrêt de travail long et complet à des réintégrations plus progressives qui sont certes plus difficiles à gérer pour l’entreprise mais qui semblent avoir de meilleur résultats.
La reconstruction après un burnout tient au fait de s’écouter et de prendre soin de soi. Et ça ne veut pas dire sauna et massage !
Mais plutôt mieux se connaître, savoir comment on fonctionne et les pièges et les situations à éviter.
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Voilà, c’est tout pour cette fois. Rendez-vous le 8 juillet pour la prochaine édition. D’ici là, prends soin de toi.
Je découvre cette newsletter et j’adore ! Merci pour la générosité en terme d’informations, c’est passionnant !
Je note qu’il y’a un retour à la vie « normale » différent, on est comme changé. Est-ce que le changement c’est d’avoir appris à se poser des limites saines et travailler dans un cadre plus aligné avec nos valeurs ? Ou bien cela implique autre chose ?
Une amie m’a parlé d’un retour après un burn-out, apparemment on serait plus à risque d’en avoir un deuxième. D’où la nécessité de faire un changement profond comme le suggère votre article.
Pour moi cela a été très compliqué et même si j’ai changé de carrière, je me suis encore fait « avoir ». Mais j’ai su reconnaître les symptômes plus rapidement et mon suivi m’a permis de rebondir et de classer cette expérience. Le chemin pour apprendre à s’écouter et s’affirmer est long mais c’est un travail qui finira par payer.
Merci encore pour toutes ces informations.