Hello et bienvenue dans cette 5e édition d’Oh travail!
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Tu peux aussi me retrouver sur Linkedin où je poste 3 fois par semaine (en principe 😅) sur le travail et l’emploi et où parfois, je raconte ma vie, comme ici (spoiler : je parle de mon métier de rêve).
C’est parti !
PS : je réponds à toutes les questions et à tous les emails 😊 N’hésite pas à m’écrire !
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Alors que dans les années 80, une carrière se construisait encore dans une seule entreprise au fil de promotions successives, une carrière aujourd’hui, c’est de nombreuses possibilités et des choix à faire.
Ces choix vont renforcer ou affaiblir ton capital de carrière.
Le choix entre expertise et diversité par exemple.
Ton capital de carrière, c’est : ton réseau, tes compétences, ton identité professionnelle (qui, comment, pourquoi).
Ce que tu peux échanger contre un revenu.
Imaginons que tu veuilles changer de métier, de poste ou d’entreprise ou que tu souhaites créer ton business ou que tu cherches un emploi…
Quelles questions vas-tu te poser : “Est-ce que j’ai ce qu’il faut pour y arriver ?” “Est-ce que j’ai quelque chose à vendre ?” “Est-ce que j’ai une expertise ?”
Emploi ou entrepreneuriat : tu échanges tes compétences et ton temps contre un revenu.
Donc clairement, la question : “qu’est-ce que j’ai à vendre ?” a du sens.
C’est une question que je me pose également quand je regarde mon job de recruteuse.
Je suis devenue recruteuse par hasard, parce que l’occasion s’est présentée et ça marche bien, mais… je n’apprends pas grand chose !
Je n’utilise pas d’ATS (programme de gestion des candidats), je n’ai qu’un usage très limité des opérateurs booléens, ma technique d’entretien n’est pas vraiment formalisée...
Bref, sur le marché de l’emploi des recruteurs, mes compétences de recruteuse ne valent pas grand chose !
En revanche, je sais que je peux apprendre. Et puis je ne pars pas de rien non plus. J’ai un capital de compétences et un réseau. D’ailleurs, j’ai principalement été embauchée pour mon réseau 😉
Tout ça pour dire quoi ?
Que ton capital de carrière, ce n’est pas uniquement tes compétences. Et qu’il y a d’autres aspects de ton parcours professionnel que tu peux valoriser.
Et comme pour tout capital, tu peux choisir de le diversifier ou au contraire de le spécialiser.
Nous ne sommes pas toutes égales…
Le mot “capital” est chargé politiquement, économiquement et socialement. Il y a les personnes qui ont un capital de départ et les autres.
Pour la carrière, c’est pareil : nous ne sommes pas toutes égales devant la notion de capital.
La définition du Larousse :
“Patrimoine possédé par un individu, une famille ou une entreprise et pouvant rapporter un revenu.”
Bourdieu nous a appris que nos options étaient déterminées par nos origines.
Si les Grandes écoles ont encore le vent en poupe en France, alors les statistiques montrent bien que les origines sociales jouent un rôle fondamental dans qui a ou n’a pas accès à la “voie royale”.
Les enfants d’ouvriers représentent 5% des élèves des écoles d’ingénieurs, alors que les enfants de cadres supérieurs représentent 54% de leurs élèves.
Bref, le capital de carrière dont je vais parler s’inscrit aussi dans ce cadre et ses limites.
Ton capital de carrière
Ton capital de carrière, au sens le plus basique, c’est donc ce que tu possèdes qui peut t’apporter un revenu, c’est la base de ton employabilité 1.
Le terme a été officiellement inventé par Cal Newport dans son livre “So good they can’t ignore you” (“Si bon qu’ils ne peuvent vous ignorer”).
“Career capital are the skills you have that are both rare and valuable and that can be used as leverage in defining your career.” (Le capital de carrière, c’est les compétences que vous avez qui sont à la fois rares et qui ont de la valeur et qui peuvent servir à construire votre carrière) — Cal Newport
Autrement dit, avoir du capital de carrière, c’est avoir des compétences à vendre qui ont de la valeur sur le marché de l’emploi.
Dans son ouvrage, il développe également la notion de maîtrise et d’expertise.
Il ne faut pas abandonner un métier ou un secteur tant que l’on n’a pas atteint un niveau de maîtrise ayant un minimum de valeur sur le marché de l’emploi.
Il cite comme exemple une jeune femme ayant décidé de quitter le marketing assez tôt dans sa carrière pour devenir prof de yoga (cliché, je sais !). Son activité de prof ne lui permet pas de vivre et ses compétences en marketing sont trop limitées pour qu’elle puisse facilement (ou même difficilement) retrouver un emploi salarié.
L’idée est donc de gérer son capital comme un investissement : le garder jusqu’à ce qu’il ait de la valeur à la revente.
Cela n’empêche pas de changer d’entreprise mais implique qu’il faut pratiquer une activité pendant suffisamment longtemps pour en acquérir une certaine maîtrise ou expertise.
C’est l’intention qui compte…
Pour aller plus loin, il faut comprendre que pratiquer une activité en mode pilote automatique ne sert pas à grand chose pour augmenter sa maîtrise.
L’idée est au contraire de pratiquer avec intention : en sachant pourquoi on fait ce que l’on fait et comment on va faire pour s’améliorer.
Tu penses peut-être à la théorie des 10 000 heures nécessaires pour devenir un expert, quel que soit le domaine.
Mais justement, l’accumulation des heures sans intention ne crée pas la maîtrise ou l’expertise : pour devenir expert, il faut avoir une activité réflexive sur ses actions. Y mettre de l’intention.
Construire ta carrière avec intention ou pas…
Si tu es comme moi, tu n’as jamais anticipé tes changements de poste ou de métier… Tu as tout simplement saisi les opportunités qui se présentaient par curiosité.
À l’encontre de tout plan de carrière, juste pour apprendre quelque chose de nouveau.
Certaines personnes ont la capacité et l’envie de planifier leur carrière de façon à développer leur capital de carrière, leur employabilité.
D’autres vont se laisser guider par la curiosité.
D’autres enfin, feront face aux aléas.
Faire des choix
On a certainement toutes rencontré des personnes qui ont un plan pour leur carrière, qui savent exactement quels postes elles doivent occuper et dans quel type d’entreprises pour avancer leur carrière.
Je n’ai jamais su faire ça, peut-être parce que justement j’ai souvent changé de métier - pas seulement de poste - juste pour changer.
L’idée, dans un accompagnement de carrière, n’est pas de tout planifier - c’est à mon avis impossible - mais d’avoir des repères, des balises pour guider les choix que l’on va faire… tout en laissant une place aux opportunités !
Ça veut dire par exemple apprendre à reconnaître les situations de travail qui te conviennent, le type d’entreprise, le type de mission et d’organisation. Comprendre ce que tu peux apporter et à quelles entreprises, dans quel secteur.
Comprendre comment agencer tout cela pour valoriser les compétences que tu as déjà acquises et en acquérir de nouvelles pour maintenir ton employabilité.
Et puis la question du timing va se poser : est-ce le bon moment pour une reconversion à 180° ? Ou as-tu besoin de valoriser encore un peu tes compétences avant de tout changer ?
Mais n’oublions pas la dernière dimension qui est l’intérêt. L’idée est que l’on ne devient pas facilement expert dans un domaine qui ne nous convient pas.
Les 3 piliers du capital de carrière
On résume généralement le capital de carrière à 3 dimensions :
qui : c’est ton réseau, les personnes que tu connais
comment : ce sont tes compétences - ce que tu sais faire
pourquoi : c’est toi - ton identité, tes motivations, tes choix (le fameux Why)
En bref, ton réseau, tes compétences, ton identité professionnelle.
Les carrières changent
Depuis que les carrières ne sont plus linéaires et ne se déroulent plus dans une seule entreprise, chacune a l’opportunité ou la nécessité de prendre en main la construction de son capital de carrière.
Là non plus nous ne sommes pas égales, mais c’est un autre débat.
Les cycles de vie ont évolué et nous repassons plus souvent par la case formation.
Pour certaines, le développement de leur capital va passer par la sélection d’activités permettant l’accumulation de connaissances variées, d’étendre leur réseau professionnel et se rendre visibles.
Dans une entreprise ou en changeant d’organisation, le capital se développera par la confrontation à d’autres façons de faire, d’autres modes d’organisation, et l’accumulation d’expériences.
Le capital de carrière vu par les salariés
Une étude menée en 2015 a montré comment les salariés concevaient le capital de carrière.
Voilà les 5 éléments qui pour eux sont les plus importants :
Motivation et persévérance sont les 2 attributs les plus cités comme composants du capital de carrière. Ainsi que le fait de se connaître. Ces aspects permettent d’avoir confiance dans ses choix et fonctionnent comme une boussole pour les choix de carrière. Autrement dit, si tu sais pourquoi tu fais ce que tu fais, tu possèdes un atout majeur pour ta carrière (toujours le fameux Why).
Le 2e élément mis en avant est le fait d’avoir de bonnes relations avec son entourage professionnel. En gros, avoir un réseau qui te permette de savoir ce qui se joue et d’être visible des décisionnaires.
Le 3e élément est le fait d’avoir une bonne réputation, d’être reconnue comme une personne sur laquelle on peut compter pour faire le travail.
Le 4e élément est la flexibilité et l’adaptabilité. En particulier, la capacité à saisir des opportunités de développement, même si cela signifie être temporairement inconfortable.
On peut assez facilement faire le pari que cet aspect a pris une nouvelle importance depuis la crise du Covid !
Et enfin le 5e élément est le fait d’avoir une compréhension pointue des enjeux techniques de son secteur et savoir se tenir à jour.
Comment développer ton capital de carrière ?
Avoir un capital, c’est bien, mais comment le garder et le développer ?
La même étude retrouve comme premier critère pour le développement du capital de carrière, la volonté d’acquérir de nouvelles compétences. L’appétence pour la formation et le changement.
En 2e niveau d’importance, on retrouve le networking : la volonté et la capacité de développer son réseau professionnel. En 2015, c’était une nouveauté pour les chercheurs, on peut dire sans peur de se tromper que ça ne l’est plus aujourd’hui...
En 3e position, on trouve avoir une bonne réputation avant de changer de position : être connue comme une personne qui a les compétences nécessaires, voire un certain niveau d’expertise. Donc, ne pas changer trop fréquemment, en tout cas pas avant d’avoir acquis ce niveau de réputation.
En 4e position, on retrouve la notion de diversité d’expérience et d’exposition à différentes façons de faire les choses.
Cela peut paraître contradictoire avec le 3e point mais en réalité il s’agit d’être flexible tout en étant experte et d’éviter les silots.
Étonnement, dans cette étude, le fait de changer de job et d’entreprise ou d’industrie n’est pas retenu comme un moyen de construire son capital de carrière. Là encore, on peut imaginer que les choses ont évolué depuis 2015 ! Même si les entreprises ont encore du mal avec les job hoppers (personnes qui changent souvent de job) ou les parcours avec des ruptures et les reconversions.
Alors diversité ou expertise ?
Tu t’en doutes, il n’y a pas de réponse universelle…
Peut-être connais-tu cette expression : “your network is your net worth” (ta valeur, c’est ton réseau) ? Tout est possible avec le bon réseau ou presque.
Ce que la crise du Covid nous a appris, c’est que l’adaptabilité, la capacité à supporter l’incertitude et l’imprévu était un atout dans toute situation professionnelle. Dans ce contexte, l’expertise seule ne suffit pas.
Parallèlement, trop de diversité ne permet pas d’évoluer - mais la diversité couplée à la capacité d’apprendre est un super atout.
Et puis bien sûr, il y a des différences suivant les secteurs et les métiers. On prefère une chirurgienne experte de ce qu’elle opère et en même temps, on préfère qu’elle n’ait pas une vision en tunnel qui l’empêche de voir autour de l’organe qu’elle opère.
Cela dépend aussi des personnalités… Certaines s’ennuient dans l’expertise et recherchent la diversité.
L’expatriation a-t-elle un impact sur le capital de carrière ?
L’expatriation est souvent une épreuve pour la carrière du conjoint accompagnant - celui, ou très majoritairement celle, qui n’est pas envoyé à l’étranger par son entreprise.
Pas de job ou des difficultés pour trouver un job en rapport avec son expérience : c’est une situation assez fréquente.
Et c’est clairement une source d’angoisse ! Perte d’autonomie financière, perte de compétences si l’arrêt dure longtemps, le fameux “trou” dans le CV à expliquer par la suite, l’isolement parfois.
Mon expérience avec des clientes expatriées est qu’on retrouve souvent toutes ces peurs mais que l’expatriation est aussi un bon moyen de développer son capital de carrière en termes de connaissance de soi. En particulier à travers des activités bénévoles. C’est aussi ce que montre cette étude finlandaise.
Beaucoup de mes clientes expatriées aux Pays-Bas viennent me voir parce qu’elles ont reformulé leurs besoins professionnels et veulent comprendre comment faire le lien entre leur métier d’avant et leur ambition actuelle.
C’est aussi parfois l’occasion de créer son activité pour tester l’idée de l’entrepreneuriat.
En 2013 (pas de données plus récentes), les expatriés créateurs d’entreprises locales représentaient 18% du nombre d'expatriés français (contre 10% en 2003). Il est aussi possible de créer sa micro-entreprise en France et de continuer à la faire tourner de l’étranger.
C’est aussi la possibilité de développer une agilité interculturelle ou l’agilité tout court !
Tous les métiers ne sont bien sûr pas égaux face à l’expatriation… Je pense en particulier aux juristes qui ont souvent du mal à se positionner sur le marché local et dont les compétences - suivant leur spécialité - se dévalorisent plutôt rapidement.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui 😊 Rendez-vous le 10 juin pour la 6e édition.
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L’employabilité recouvre d’autres aspects comme la situation économique ou le marché de l’emploi.