Hello et bienvenue dans cette 10e édition d’Oh travail!
Si tu aimes ce que tu lis, vas-y, like, ça se passe sous le titre ⬇
Tu peux aussi me retrouver sur Linkedin où je poste 2 fois par semaine (en principe 😅) sur le bien-être au travail, le changement de carrière, la recherche d’emploi.
C’est parti !
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Trop long à lire ? Un résumé ⬇
La créativité est une compétence comportementale valorisée et recherchée par les entreprises : mais quelles conditions mettent-elles en place pour favoriser son développement ?
Tout travail est créatif puisque le travail c’est toujours résoudre l’imprévu. La façon dont chaque personne fait face à l’imprévu est originale et vient de connexions établies entre différents sphères ou moments de vie.
Certaines organisations abusent du concept de créativité mais, pour chacune d’entre nous, la créativité peut être un des aspects du bien-être au travail.
Les chiffres sont là ⬇
Selon Pôle emploi, 69% des employeurs du secteur du commerce, de l'informatique, de l'artisanat et de l'ingénierie pensent que la créativité est une compétence fondamentale pour être embauché.
61% des salariés disent que leur entreprise les encourage à la créativité.
D’après LinkedIn, en 2020, la créativité était la 1re compétence comportementale (soft skill) demandée au niveau mondial, la 5e en France.
Ces dernières années, la créativité est clairement devenue un hot topic dans les entreprises, d’autant plus depuis la crise sanitaire.
Pour moi, c’est un incontournable !
J’ai besoin de créativité dans mon activité. J’ai besoin de pouvoir inventer des produits ou des services, d’écrire, d’avoir le temps de rêvasser pour trouver “l’inspiration”.
Mais je sais aussi que certaines personnes sont plus confortables dans un quotidien bien cadré où la prévisibilité domine.
Et il n’y a pas de jugement de valeur !
La créativité est extrêmement valorisée dans les entreprises (voir les chiffres plus haut) et dans la société en général. Peu de personnes se disent créatives, comme s’il s’agissait d’un état particulier dont on ne peut que rêver sans jamais le revendiquer.
Seules les personnes ayant un métier a priori créatif ou les artistes osent se dire créatives.
Et justement, il y a souvent une confusion entre la créativité de l’artiste et celle du commun des mortels. C’est de cette dernière que l’on parle dans le travail et que l’on peut associer au bien-être au travail.
Si tu te demandes pourquoi, continue à lire 😉
“Je ne suis pas du tout créative”
C’est une phrase que j’entends souvent chez mes clientes. Elle exprime une sorte de révérence devant la créativité qui serait l'apanage d’êtres magiques, et inaccessible à la majorité des humains…
Michel-Ange n’était pas créatif, il était doué
Oui, parce que quand on parle de créativité, tout le monde ou presque pense création (souvent, d’une œuvre d’art). Alors oui, si tu te compares à des artistes reconnus, tu vas me dire : “je ne suis pas du tout créative” !
Parce que bien sûr, nous n’avons pas toutes les mêmes talents et se comparer ne sert pas à grand chose - à part se faire mal, en fait (“comparison is the thief of joy”, Theodore Roosevelt).
Une œuvre d’art, une création, c’est le résultat de la créativité.
Mais la créativité ne se résume pas à la création artistique.

La créativité pour toi et moi
L’apparition de quleque chose de nouveau est ce qui fait qu’on parle de créativité. Mais ce nouveau peut avoir plusieurs genèse :
vient-il de l'introduction d'une nouvelle façon de faire quelque chose que l'on faisait déjà ? N’est-ce pas alors de l'innovation ?
Vient-il d'un bricolage, de micro-inventions quotidiennes qui permettent de s'arranger des règles et des manières de faire ? Est-ce vraiment de la créativité ?
Ou vient-il du développement de quelque chose qui va au-delà du domaine de départ ?
Au travail, la créativité, c’est l’invention de quelque chose (façon de faire, méthode, produit, service, etc.) de nouveau.
"la créativité repose sur la construction de liens inédits entre des représentations, des images, des affects, des expériences, des connaissances, des événements multiples" Brigitte Almudever
C’est notre capacité à faire des liens entre différents univers, différentes expériences, différentes références, différents secteurs de notre vie qui fait que nous sommes créatives.
Ce sont les connexions qui créent la nouveauté.
On personnalise, on s’approprie des façons de faire, des règles et on les transforme par notre subjectivité.
Ces façons de faire peuvent rentrer en conflit avec d’autres expériences que nous avons eu ou encore notre façon de voir le monde : la façon dont nous allons résoudre ces conflits en nous et pour nous est au centre de notre créativité. La créativité est le résultat de la mobilisation de nos expériences multiples.
Une sorte de pollinisation croisée !
Tout cela implique plusieurs choses pour les entreprises.
À ne vouloir embaucher que des personnes avec de l’expérience, elles perdent en créativité car elles n’auront pas de recul sur leur façon de faire. Le rapport d’étonnement est un puissant outil de créativité !
A ne vouloir embaucher que des clones, elles perdent en créativité car elles se privent d’autres points de vue, d’autres appréciations de l’existant ou des besoins des consommateurs. D’où l’importance de la diversité et de l’inclusion !
Des études montrent que la créativité n'est pas innée, qu’elle se trouve à la conjonction de plusieurs éléments : tes capacités, ton savoir, ton style de pensée, ta personnalité, ta motivation (particulièrement ta motivation intrinsèque), et ton environnement.
Tu peux avoir la capacité d'être créative mais sans la volonté de prendre un minimum de risque (celui de te tromper, d'être moquée, etc.) et sans un environnement ouvert un minimum à la nouveauté, tu ne pourras pas exprimer son potentiel créatif.
Et pour l’entreprise…
Je vais faire court : les entreprises doivent innover pour survivre ou se développer. Elles ont besoin de donner les moyens à leurs collaborateurs d’être créatifs.
Recherche personne créative
Autant tu verras dans des offres d’emploi que l’on recherche des personnes capables de penser outside of the box, autant tu ne verras pas d’offres mentionnant la recherche de personnes satisfaites d’avoir à suivre des consignes.
L’euphémisme correspondant à ce trait de personnalité, serait : “attentive aux détails”.
Rien de mal à rechercher des personnes créatives, évidemment ! Le problème est de savoir ce que l’entreprise entend par créativité et pourquoi ça devient une injonction souvent contradictoire.
Allez, soyons créatives !
Les organisations de travail sont envahies par tout un vocabulaire du champ sémantique de la créativité : brainstorming, team building créatif, innovation participative, design thinking, intelligence collective, salle de créativité, innovation hub, laboratoire d’expérimentation… qui est souvent emprunté au monde des start-ups.
Sauf qu’il ne suffit pas d’organiser un brainstorming pour que la créativité jaillisse !
Autant une certaine contrainte peut stimuler la créativité : inventer des moyens de faire dans un temps limité ou avec des moyens limités, autant convoquer la créativité est contre-productif.
Si parfois tu écris ou produis du contenu, tu sais qu’il ne suffit pas de s’y mettre pour que ça fonctionne, même si s’y mettre est un premier pas.
Et surtout, quelles sont les conditions que les entreprises mettent en place pour favoriser et reconnaître la créativité de leurs collaborateurs ?
Être créative en entreprise, oui, mais comment ?
Tu as certainement des exemples d’entreprises qui recherchent des collaboratrices créatives mais dont le processus de recrutement est long et rigide.
Comment faire pour être créative quand on n’a pas droit à l’erreur ? Ou quand on est évaluée uniquement sur l’atteinte des objectifs ? Ou encore quand la hiérarchie est très verticale et que seuls les managers sont décisionnaires ?
Sans parler des start-ups qui mettent en avant leur babyfoots et leurs beanbags comme des supports à la créativité… Avec comme volonté à peine cachée de maintenir le plus longtemps possible les personnes au travail : si tes loisirs sont sur ton lieu de travail, pourquoi le quitter ?
Si la créativité, c’est bousculer l’ordre établi et proposer des façons (radicalement) différentes de voir/faire les choses, n’est-elle pas antinomique avec une organisation du travail ?
L'organisation peut devenir un lieu ouvert capable d'accueillir la créativité de ses collaborateurs et de la transformer en réalisations tangibles, ou de reconnaître des échecs sans que cela ne porte préjudice aux collaborateurs. Mais force est de constater que ce n’est pas aussi répandu que les offres d’emploi veulent bien le faire croire…
Alors que tout le monde a le potentiel d'être créatif dans un contexte qui permet de dépasser la crainte du nouveau et de l'incertain.
Certaines cultures favorisent davantage la créativité
Aux Pays-Bas, par exemple, la hiérarchie managériale est plus plate qu’en France et surtout, tout le monde à le droit à la parole : on discute et on se met d’accord.
Et cet état d’esprit est inculqué aux enfants dès l’école. C’est peut-être pour cela qu’il y a autant d’auto-entrepreneurs aux Pays-Bas : les étudiants transforment souvent leurs projets universitaires en projets business. Si ça marche, tant mieux ! Si ça ne marche pas, personne ne leur en tiendra rigueur.
Le rapport au risque est très différent de la France ce qui permet d’expérimenter davantage.
Et le bien-être dans tout ça ?
Tu te souviens peut-être de l’édition sur le burnout et où je parlais du besoin d’autonomie pour se sentir bien au travail. Pour la créativité, c’est pareil et les organisations ont une longue histoire avec ce concept. Et au cœur de cette histoire, il y a le besoin de productivité.
Tout travail est créatif !
Les travailleurs ne savent pas travailler…
Tu connais peut-être cette phrase attribuée à Henry Ford :
“Mes clients sont libres de choisir la couleur de leur voiture à condition qu'ils la veuillent noire.”
Derrière cette citation, il y a la volonté d’optimiser les chaînes de montage pour augmenter la production et donc les revenus grâce à des gains de productivité.
Dans l’organisation scientifique du travail, tout est fait pour maîtriser la consommation de fournitures - dont le travail humain - afin de réduire les coûts de production (et augmenter le profit).
Chaque tâche est conçue, minutée et contrôlée.
Sauf que le travail, c’est justement que tout ne se passe jamais comme prévu. Il y a des défauts, des contretemps, des pannes, bref, des décisions à prendre, des ajustements à faire. Voire quand les tâches ont tout simplement été mal conçues, il faut les repenser entièrement.
Et les seules personnes qui savent comment faire face à l’imprévu ou reprendre une activité mal organisée, ce sont celles qui font le travail.
C’est ce qu’on appelle le travail réel - celui que l’on fait vraiment.
Et c’est encore plus flagrant dans les services.
Même si on connaît une tendance à vouloir “industrialiser” les services, comme par exemple dans les centres d’appels où les scripts sont écrits pour ne laisser aucune place au hasard.
Interpréter une règle, c’est une forme de créativité.
Arriver à produire un service en dépit d’un manque de moyen - de temps par exemple ou d’information - c’est faire preuve de créativité - et ça ne devrait pas être la norme.
Résoudre les problèmes que l’on rencontre dans son activité, c’est une forme de créativité.
Le travail est par essence le lieu de l’imprévu, que l’on pense au travail manuel, artisanal ou intellectuel. La façon dont on fait face à l’imprévu est créative.
Le travail réalisation de soi
Lorsque l’organisation du travail permet de s’émanciper des règles, de les interpréter, lorsqu’elle laisse toute sa place à la réflexion et à l’initiative ou à la prise de risque, alors elle permet à chacune de se réaliser.
J’en parlais également dans l’édition sur le burnout : si ton job te demande de développer tes compétences dans un environnement où tu peux t’organiser à ta façon et où tu as du soutien, alors il participe à ton développement.
"La créativité au travail, c'est l'envisager (le travail) comme espace de développement, de réalisation de soi" (Gilles Amado)
En tant qu’activité essentiellement humaine, le travail ne peut pas être conçu comme uniquement productif… Ou s’il peut être conçu ainsi, c’est qu’une machine peut le faire.
Pour toutes les activités dans lesquelles une machine ne peut pas remplacer un humain, on n’a besoin d’initiative et de créativité, c’est ce qui nous permet de réaliser notre potentiel et de donner du sens à notre activité.
Entreprendre est un acte créatif
Si tu crées ton entreprise ou que tu deviens indépendant ou freelance, c’est que tu veux proposer un service ou un produit nouveau ou réalisé d’une façon nouvelle - par toi.
Je ne dis pas que chaque entreprise réinvente la roue.
Je dis que la posture de l’entrepreneure est par définition une posture créative : on part de rien pour construire son business. On imagine ce que l’on va vendre et comment on va le produire et le promouvoir.
Alors bien sûr, il existe des guides, des méthodes, des formations qui vont te faire gagner du temps, mais à l’origine de ta démarche de création de ton entreprise (les mots ont un sens !), il y a ta conviction que ce que tu vas faire n’existe pas ou pas tout à fait à l’identique.
Je sais qu’entreprendre n’est pas fait pour tout le monde mais je suis persuadée qu’entreprendre est un engagement fort voire une forme de rébellion contre le statu quo de l’organisation du travail et de la société. Une façon de reprendre la main sur notre travail.
"I believe that enjoying your work with all your heart is the only truly subversive position left to take as a creative person these days" Elizabeth Gilbert, Big magic
On pourrait dire la même chose de l’entrepreneuriat ou du travail en général, à condition d’avoir les moyens de le choisir.
Voilà, c’est dit !
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Voilà, c’est tout pour cette fois. Rendez-vous le 9 septembre pour la prochaine édition. D’ici là, prends soin de toi.