Hellooo et bienvenue !
Nous sommes plus de 200 aujourd’hui ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup 😉
Première édition d’Oh travail!
(Bon, faut que je te dise, j’ai déjà eu une newsletter que j’ai arrêtée et redémarrée 2 fois 😅 mais ça c’était avant !)
Si tu viens d’arriver, je me présente rapidement :
j’accompagne les reconversions et les retours à l’emploi difficiles
je suis aussi recruteuse
Ici, on parle du travail : ce qu’on y fait et ce qu’il nous fait. Avec réalisme et optimisme.
C’est parti !
Sommaire
Pourquoi penser que travail et passion doivent se rencontrer est dangereux
Pose-moi tes questions
⚠️ Travail et passion : les liaisons dangereuses
TLTR (trop long à lire : 5 minutes) ? 1 résumé ⬇️
- Être bien au travail est important
- Mais rechercher sa passion est dangereux et contre-productif
1) parce que le travail est avant tout un ensemble d’interactions
2) parce que plus on fait quelque chose, plus on acquiert de maîtrise, plus on aime ce que l’on fait
3) c’est le travail bien fait qui nous rend heureux
Trouver sa passion, c'est un peu le Saint Graal de la reconversion et même de la recherche d'emploi. Trouver LE job qui va t'occuper jusqu'à la fin de ta vie active parce qu’il rassemble tout ce que tu aimes.
Je vais être transparente ici et maintenant, quitte à briser tes rêves dès le début de notre relation, il n'y a pas d'inspiration magique (ou divine) en matière de carrière et de travail.
Et je sais ce que tu penses en lisant ça : "oui, mais quand même, les artistes..."
Et je te réponds : "je n'ai pas dit que personne ne vivait de sa passion. J'ai dit que la chercher est un mauvais objectif".
C'est un mauvais objectif, parce que :
1. Ça met tout de suite une très grosse pression...
L’idée est qu'il existerait quelque part un job parfait pour chaque personne et qu'il ne faudrait pas se contenter de n'importe quel emploi tant qu'on ne l'a pas trouvé.
Mais que ce passe-t-il si tu n'arrives pas à identifier ce job parfait ?
Plus tu vas mettre l'accent sur la nécessité d'aimer ce que tu fais, moins tu vas apprécier ce que tu es en train de faire.
Tu vas donc te rendre potentiellement malheureuse parce que tu penses qu'il y a forcément mieux ailleurs.
Et puis tout le monde n’a pas de passion… Je n’en ai pas (et je le vis très bien 😊).
D’autres ont une passion mais ne souhaitent pas la monétiser. Ça peut rester une activité complémentaire ou un loisir.
2. Quand on pense aux artistes, on pense en réalité à ceux qui ont réussi...
Et oui, c'est beaucoup moins glamour quand on se rend compte qu'il existe des milliers (millions ?) de vrais artistes mais qui n'ont jamais percé !
Il n'y a qu'une Beyonce (je n'aime pas Beyonce, mais bon, t'as l'idée) et combien de jeunes artistes rêvent de sa réussite ?
Nous sommes encouragés à admirer ceux qui "suivent" leur passion et à prendre de haut ceux qui se conforment à un métier qui n'est pas leur passion.
C'est aussi dans ce registre que l'on retrouve l'admiration pour les entrepreneurs célèbres, ceux qui ont réussi, prétendument du jour au lendemain !
3. Et puis, la passion à la base, c'est pas hyper heureux...
L’étymologie du mot passion devrait t'encourager à la prudence…
Passion vient du latin passio et signifie souffrance.
Au Xe siècle, le mot désignait le supplice d’un martyr. C’est en ce sens que l’on parle de la passion dans la religion chrétienne : celle du Christ sur la croix.
Puis le terme a évolué vers le sens d’émotion intense. Une émotion intense qui te possède et te consume.
Alors oui, je pousse un peu le trait, mais c'est parce que dans la recherche de la passion dans le travail, il y a souvent l'idée d'un travail qui a du sens, c'est-à-dire qui va changer le monde - pense travail dans une ONG.
Et c’est très bien de vouloir avoir ce genre d’impact. Le problème, c’est quand on s’y perd et qu’on y laisse sa santé. On peut énormément souffrir dans ces métiers vocations.
D’où vient cette idée (saugrenue) qu’il faut suivre sa passion ?
L'idée qu'il faut suivre sa passion dans sa vie professionnelle date des années 90 mais a surtout fleuri à partir de années 2000.
(Et correspond à l’individualisation de la relation d’emploi, mais c’est une autre histoire.)
Les plus jeunes, et pas qu’eux, ont de grandes attentes de leur vie professionnelle. Pour eux, la vie professionnelle ne doit pas être juste un travail ou un job, elle doit être une aventure. Quelque chose qui doit correspondre à la façon dont ils évaluent leurs propres talents et compétences.
Rechercher sa passion et penser que la vie nous doit bien ça, c'est oublier 3 choses fondamentales
1. Travailler, c'est avoir un rôle social
Dans une vie antérieure, j'ai été chercheure en sociologie et j'ai rencontré des agents de nettoyage urbain. Façon élégante de dire des éboueurs. J'ai interviewé des éboueurs et leur management.
Quand on pense à un métier sans qualification, voire dégrandant, on pense souvent à éboueur...
Bref, un jour un agent de maîtrise me dit : "notre métier, c'est un peu le mythe de Sisyphe : chaque jour on recommence à nettoyer la même rue. Mais on est quand même satisfait quand la rue est propre. On a fait le job, on est content."
La satisfaction d’avoir délivré le service.
Quand aux éboueurs eux-mêmes, c'est quoi le rôle qu'ils se reconnaissent ? Celui de subvenir aux besoins de leur famille. C'est ce qui ressortait le plus des entretiens.
Parce que ce rôle-là peut être une satisfaction en soi.
Et oui, je sais, l'exemple des éboueurs, il n’est pas facile à comprendre... Mais c'est bien aussi de se confronter à ce type de réalité, non ?
2. Travailler, c'est avoir des relations sociales
Dans une entreprise, avec des collègues, en indépendant avec des clients, etc. Nous sommes tous à des degrés divers des animaux sociaux.
Nous avons tous besoin sous une forme ou sous une autre de relations avec nos congénères. Le travail joue aussi ce rôle-là.
3. Travailler, c'est se développer
Acquérir des compétences, avancer vers la maîtrise d'activités et de tâches rend le travail intéressant et satisfaisant.
Alors bien sûr, on parle aussi des boulots à la con, théorisés par David Graeber :
“Une forme d’emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu’il n’en est rien.”
David Graeber, Les métiers à la con (Bullshit jobs)
Mais pour échapper à ce type d'emploi, il y a plein d'options, comme changer d'emploi, créer son activité, changer de métier, expérimenter avec un mix salariat et travail indépendant, etc.
L'idée est que c'est en faisant que l'on apprend à aimer son métier, sur la durée. Il y a d'ailleurs une étude qui montre que ce qui prédit le plus sûrement le bien-être au travail, c'est le temps passé dans son poste.
Pourquoi ? Parce qu'on a atteint un niveau de maîtrise qui fait que l'on est conscient de son impact et que l'on a développé des relations sociales pérennes.
4. C’est le travail bien fait qui donne le plus de satisfaction
La possibilité de bien faire son travail, selon ses propres critères, est une source de satisfaction au travail.
Cela veut dire :
avoir le temps nécessaire
avoir la possibilité de faire à sa façon pour obtenir un meilleur résultat
être reconnu pour ce que l'on fait : par ses pairs, ses managers et les bénéficiaires du travail effectué
Tu vois où ça te mène ?
Penser que c’est seulement en trouvant ta passion que tu vas t’éclater au boulot, c’est juste une mauvaise idée.
Recherche d’emploi
Un hack tout simple ⬇️
Le titre de ton CV est ta proposition de valeur
L’idée reçue à oublier d’urgence 😅
Il faut répondre le plus vite possible à une offre d’emploi…
Pose-moi toutes tes questions ⬇️ Enfin non, pas toutes 😇 je ne peux pas te dire quel job choisir ! Mais sinon, vas-y, j’y répondrai ici et ça m’aidera à mieux cibler tes attentes.
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